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S’éduquer aux images

“Comment (…) accompagner la jeunesse dans une lecture et une prise de distance salutaires face à la déferlante d’images et de commentaires qui les accompagnent? ” Telle est la question posée pour un podcast intitulé “S’éduquer aux images” et réalisé par le Fonds du 11 janvier. En trois quarts d’heure, il présente le travail du Bal / La Fabrique des images et de Cartooning for peace. L’objectif est de voir comment former les jeunes aux images, pour les aider à réfléchir et à développer leur esprit critique.

Le Fonds du 11 janvier a été créé en 2015 suite à l’attentat contre Charlie Hebdo. Sa mission est d’organiser des “actions concrètes de citoyenneté et de cohésion sociale”.

How can we help young people to read, understand and put into perspective images and comments that flood around them? This is the question a podcast entitled “Learning images” (in French) tries to answer to. It has been produced by Le fonds du 11 janvier. In 45 minutes, the work done by Le Bal / La Fabrique des images and Cartooning for peace is explained. The aim is to see how youngsters can be trained to be more familiar with images, to help them reflect on what is at stake and develop their critical thinking.

Le Fonds du 11 janvier was created in 2015 after the attack on Charlie Hebdo. Its mission is to organize “concrete actions around citizenship and social cohesion”.

Boîte noire : Patrick Chauvel

Dans cette vidéo de quelques minutes le reporter de guerre Patrick Chauvel nous parle de sa façon de travailler, ce qui est naturellement l’occasion de réfléchir sur l’image : “Les photos ne sont pas toujours publiables au moment où elles sont prises. Hors contexte ça peut poser un problème, ça peut être dangereux. La vitesse qu’on a aujourd’hui avec Internet peut être contre-productive.” (TC 1:30)

In this short video, war reporter Patrick Chauvel talks about the way he works – an opportunity to reflect on images: “Photos cannot always be pushished right when they are shot. The lack of context can be a problem, it can be dangerous. The speed we have today thanks to the Internet can be counterproductive. ” (TC 1:30). The video is in French with French subtitles.

Photomontages vertueux ?

Arte présente ici en moins de deux minutes un aspect déroutant des images détournées. Australie : photomontage pour la bonne cause, analyse l’image d’une fillette avec un koala devant des feux. Elle a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux pour sensibiliser aux incendies qui ravagent le pays fin 2019/début 2020. Le photomontage original est revendiqué, mais sa diffusion ne risque-t-elle pas porter tort à la cause qu’elle veut défendre ?

Arte TV channel presents here in less than two minutes a confusing aspect of diverted images. Australia: photomontage for a good cause, focuses on the image of a girl holding a koala in front of huge fires. It has widely circulated on social networks to raise awareness of the fires destroying the country in late 2019 / early 2020. The original picture is clearly presented as a photomontage, but doesn’t broadcasting it increase the risk of doing wrong to the cause it wants to defend?

Le cadre et la mouette

Cadres à Collioure, 2019
(Photo AL – 2019)

Collioure est un bourg au bord de la Méditerranée près de Perpignan. Sur les lieux de promenade, des points de vue sont marqués par des cadres posés sur des estrades. Le touriste sait donc exactement où photographier, il n’a plus à penser. La mouette préfère rester hors cadre. Une réflexion sur l’uniformisation du regard…

Collioure is a town by the Mediterranean near Perpignan. As you stroll by the sea, you will notice viewpoints which are clearly marked by frames on platforms. The tourists therefore know exactly where they should take a picture. They no longer have to think. The seagull would rather stay out of frame. Another thought on the standardization of how we see the world.

Pourquoi j’aime cette photo


Couverture pourquoi j'aime cette photo

Pourquoi j’aime cette photo, la science de la perception (Paris : Eyrolles, 2018) est la version française de Why you like this photo, the science of perception (London : Ilex / Octopus Publishing, 2018). Cet ouvrage de Brian Dilg s’articule autour de trois axes : voir, attirer le regard (la construction photographique) et penser, décoder les photos. De nombreux points sont évoqués dans des paragraphes brefs et très illustrés, ce qui permet une approche globale de la question.

Couverture Why you like this photo


Why you like this photo, the science of perception (London : Ilex / Octopus Publishing, 2018) has been translated into French under the title Pourquoi j’aime cette photo, la science de la perception (Paris : Eyrolles, 2018). This book by Brian Dilg focuses on three angles: seeing, attracting the eye (image construction) and thinking (i.e. decoding photos). Many aspects are mentioned in short, much illustrated paragraphs, giving a global answer to the question.

Portraits officiels des chef d’Etat en France et en Allemagne

Karambolage, la courte émission de la chaîne franco-allemande Arte, permet de mieux connaître les cultures de ces deux pays. Deux émissions sont consacrées à l’image officielle du chef de l’Etat : le portrait photographique du Président de la République française, et le tableau représentant le chancelier allemand. L’émission peut se regarder dans les deux langues (français ou allemand).

Karambolage, a short program by the Franco-German TV channel Arte, is a way to learn about the culture of both countries. Two programs dealt with the official portrait of the chief of state : the French Republic President’s photograph, and the painting depicting the German Chancellor. You can watch the program in either language (French or German)!

“Une bonne exposition est une leçon pour le regard”

Citation de Walker Evans à la fin de la rétrospective consacrée à ce photographe au Centre Pompidou (Paris, France, 26/04-14/08/2017) :

“Pour ceux qui le veulent, ou en ont besoin, une bonne exposition est une leçon pour le regard. Et pour ceux qui n’ont besoin de rien, ceux qui sont déjà riches en eux-mêmes, c’est un moment d’excitation et de plaisir visuel. Il devrait être possible d’entendre des grognements, des soupirs, des cris, des rires et des jurons dans la salle d’un musée, précisément là où ils sont habituellement refoulés. Ainsi, dans les expositions classiques, certaines qualités des images peuvent également être refoulées, voire totalement perdues.

J’aimerais m’adresser aux yeux de ceux qui sont capables d’apprécier pleinement la valeur des choses, sans être sujets aux inhibitions liées à la bienséance publique. Je veux dire ici, qu’avec un peu de chance, le vrai sentiment religieux peut parfois être éprouvé même dans une église et qu’il est possible de percevoir l’art ou de le sentir sur la cimaise d’un musée.

Ceux d’entre nous qui vivent grâce à leurs yeux – les peintres, les designers, les photographes, ceux qui regardent les filles – seront tout aussi amusés que consternés par cette demi-vérité : « Nous sommes ce que nous voyons » ; et par son corollaire : nos œuvres complètes sont, pour une bonne part, des confessions autobiographiques, impudiques et joviales, mais dissimulées par l’embarras de ce qui ne peut être dit. Pour ceux qui comprennent ce langage, il s’agit bien de cela. Nous ne savons simplement jamais qui se trouve dans notre public. Quand celui-qui-voit surgit pour examiner notre œuvre et qu’il saisit nos métaphores, nous sommes tout simplement pris en flagrant délit. Devrions-nous nous excuser ?”
Walker Evans – Boston Sunday Globe, 1er août 1971, p. A-61.

A quote by Walker Evans, at the end of the exhitition on this photographer at Centre Pompidou (Paris, France, 26/04-14/08/2017): “A good art exhibition is a lesson in seeing to those who need or want one, and a session of visual pleasure and excitement to those who don’t need anything — I mean the rich in spirit. Grunts, sighs, shouts, laughter, and imprecations ought to be heard in a museum room. Precisely the place where these are usually suppressed. So, some of the values of pictures may be suppressed too, or plain lost, in formal exhibition.

I’d like to address the eyes of those who know how to take their values straight through and beyond the inhibitions accompanying public decorum. I suggest that true religious feeling is sometimes to be had even at church, and perhaps art can be seen and felt on a museum wall; with luck.

Those of us who are living by our eyes — painters, designers, photographers, girl watchers — are both amused and appalled by the following half-truth: “what we see, we are.” And by its corollary: our collective work is, in part, shameless, joyous, autobiography-cum-confession wrapped in the embarrassment of the unspeakable. For those who can read the language, that is. And we never know just who is in the audience. When the seeing-eye man does turn up to survey our work, and does perceive our metaphors, we are just caught in the act that’s all. Should we apologize?”

Walker Evans – Boston Sunday Globe, August, 1st, 1971, p. A-61.

Smartify

Smartify est à la peinture ce que Shazam est à la musique : cette application pour téléphone permet, par reconnaissance visuelle, de connaître le nom d’un tableau – dans un musée, sur une affiche, une carte postale… De plus, l’application donne des informations sur le tableau et sur le peintre.

Smartify is to painting what Shazam is to music: using visual similarity, this telephone app will give you the name of a painting – in a museum, a poster, a postcard… Moreover, it gives information on the painting and the artist. 

Yolocaust et le contexte de diffusion des images

Bruno Dubreuil signe une analyse très juste du phénomène “Yolocaust”, initiative de Shahak Shapira. Ce dernier était choqué de voir des touristes prendre des selfies en riant sur des lieux de mémoire de l’Holocaust. Il a donc mis en ligne des photomontages où il remplace l’arrière-plan du selfie par une vraie photo des camps de concentration. L’intention était louable : faire prendre conscience aux auteurs des clichés qu’il y a des lieux à respecter, qui sont impropres à certaines prises de vue. Mais sa méthode décontextualise des photos historiques, ce qui banalise, voire annihile, leur impact.

Bruno Dubreuil wrote a very accurate analysis of the “Yolocaust” phenomenon (in French). Shahak Shapira was shocked to see laughing tourists taking selfies in Holocaust memorials. So he decided to put photomontages online in which he replaced the background by a real concentration camp photo. His intentions were good: he wanted people to be aware that some places are to be respected, and therefore no setting for shooting trivial photos. Yet, his method takes historical photos out of context, which banalizes, and even annihilates their impact and purpose.